Sur le
Portail documentaire du Musée de l'Air du Bourget est publié un document qui suit le parcours de 3 pilotes pendant la 1ère guerre mondiale.
Jean CHAPUT, pilote français dont les Nieuport 11 et Morane Saulnier N ont été édités en figurines WOG.
Bernard RICE, pilote britannique.
Peter FALKENSTEIN, pilote allemand.
Leurs courriers sont intégrés de manière chronologique mois après mois pour suivre leur quotidien il y a plus de 100 ans.
Avec des photos inédites très intéressantes ...
Cliquez sur la photo pour accéder au document :
Un
article daté du 12 octobre 1916 présente une photo de Jean CHAPUT devant un Morane Saulnier type N avec la mention Verdun 1916.
Peut être est-ce l'appareil que Chaput a utilisé pendant un mois après la collision de son Nieuport avec un biplace allemand en mars 1916.
Les bandes tricolores sur le fuselage permettent de distinguer le bleu du rouge (qui apparaît plus foncé sur les photos d'époque).
Ce qui permet de conclure que le choix des bandes tricolores rouge-blanche-rouge sur la figurine WOG du Morane-Saulnier type N (Chaput) est erroné.
JEAN CHAPUT
Jean a finalement obtenu de changer d’escadrille.Il quitte son escadrille de Caudron – appareils biplaces – pour une escadrille de Nieuport, monoplaces. Mais un tel changement se prépare : un Caudron G4 est un appareil massif et peu maniable, d’une envergure de 17 m, avec de part et d’autre de la nacelle biplace deux nacelles moteur ; c’estl’observateur qui y sert les deux mitrailleuses. Le pilote du Nieuport XI lui,est seul et il tire en même temps qu’il pilote un petit chasseur de 7 m d’envergure léger, et aussi manœuvrable que fragile. Il doit donc quitter le front quelque temps et aller s’entraîner.
Pour cela il doit aller au groupement des divisions d’entraînement qui ouvre en 1916 au Plessis-Belleville au nord-est de Paris. Sa création est liée à la nécessité grandissante de former non seulement de plus en plus de pilotes, mais aussi de reformer régulièrement les pilotes brevetés aux innovations techniques des nouveaux appareils. Jean y passe un mois, du 7 février au 1er mars 1916. Il n’y semble pas à son aise. Il faut se représenter un terrain d’aviation avec 50 baraques où sont abrités les appareils et où les pilotes attendent de longues heures leur tour de vol. D’autres que Chaput, toutefois, parlent de cet entraînement comme d’un séjour agréable où les attentes sont occupées par les jeux de carte.
Jean a reçu une affectation à la N31 stationnée à Toul (dans le secteur de Verdun) et attend d’avoir un avion pour pouvoir s’y rendre. L’approvisionnement en avion du Plessis est fastidieux : les appareils neufs allant directement au front, le Plessis n’hérite que des vieux appareils obsolètes ou en mauvais état qui doivent d’abord être réparés au Bourget.
http://3p1w.eu/17-02-1916/#more-2180« Le 3 mars 1916
Mon cher Papa,
J’ai été désolé de quitter Paris ou tout au moins ses environs sans avoir pu vous dire au revoir. Marot a dû vous le dire, j’ai été expédié directement en voiture légère en moins de 2 heures, je suis arrivé sans encombre à B.L.D. [Bar-le-Duc] dans la soirée du 1er. Presque impossible de trouver un logement. J’ai fini par trouver un taudis dans un hôtel [illisible] et j’ai partagé un mauvais lit avec un de mes camarades de voyage. Le lendemain je me suis présenté au
centre et j’ai affecté à la N31, Capitaine Augier. (Le fils du général commandant la place de Pau). Il m’a reçu très gentiment et a été fort aimable il m’a promis un appareil d’ici un ou deux jours. Il va faire tout son possible pour que j’aie un monoplace ; mais il craint que ce ne soit difficile.
C’est un honneur pour moi que d’être ici : on y a réuni des pilotes choisis dans toutes les escadrilles à l’occasion des attaques de Verdun. Dans l’escadrille où je suis il y a Pelletier d’Oisy, un tombeur de boches fameux, je suis le seul sous-officier et le seul à ne pas avoir la croix. Navarre est ici aussi mais dans une autre escadrille. Non content de ses deux boches de l’autre jour, il en a encore abattu un hier.
C’est un type extraordinaire.
Pour le moment je suis donc très content d’être ici et ce [sic] crois que je serai à même de faire du bon travail si l’on me donne un bébé. Sinon je tâcherai d’avoir un Spad. C’est un appareil biplace bizarre qui va pas mal.
La seule chose un peu ennuyeuse est que nous sommes ici en camp volant et il n’y a absolument rien d’organisé. Chacun est livré à lui-même et se débrouille comme il peut. On couche donc à l’hôtel ou en ville et l’on mange au restaurant. Ce n’est pas désagréable comme vie et B.L.D. est une ville pleine de ressources ; seulement cela revient cher et je crains d’apercevoir bientôt le fond de ma bourse.
Ce qui va me changer de l’escadrille 28 c’est que le matériel paraît ne pas manquer ici. Il y a des mitrailleuses Lewis, et de merveilleux viseurs optiques. Avec un outillage comme cela le travail doit être aisé.
Je vous tiendrai au courant de ce que je deviens, et vous écrirai si j’ai besoin de quelques vêtements que j’aurais laissé [sic] à Paris.
Je vous embrasse tendrement ainsi que Jeanne.
Jean »
http://3p1w.eu/03-03-1916/#more-2165« 29 mars 1916
J’ai enfin obtenu un Nieuport. De nouveau en prenant cet appareil j’éprouve une fois de plus la sensation désagréable de monter un engin neuf, qui n’a pas été mis à l’épreuve par soi-même. Il marche bien cependant ; et contre toute attente ne me change pas trop après le Morane.
Mon brave Marot me le prépare, et [ illisible ] minutieusement. Quelle sera la destinée de cet avion ? Je veux qu’elle soit glorieuse comme celle de son devancier.
J’ai rencontré de nombreux avions ennemis aujourd’hui. Fidèle à mes principes pour une nouvelle reprise de contact, j’ai opéré avec circonspection, et j’ai tiré de loin (200m). Bien m’en a pris ; ma mitrailleuse marchait mal ; par une incompréhensible aberration de moi-même je l’avais très mal réglée ; de plus les allemands étaient plus nombreux que je ne pensais. Il y en avait 7 au lieu de que j’avais vu d’abord. Si j’avais attaqué de ma façon habituelle j’eusse été en fort mauvaise posture.
Je me suis entraîné à tirer à la cible. C’est beaucoup plus difficile que je ne le pensais, et c’est un entraînement de premier ordre. J’ai cependant mis un bon nombre de balles dans une cible de dimension réduites et suis content de moi.
Ma mitrailleuse re-réglée a marché divinement. Je sens venir le moment où je serai maître de moi au point que je serai certain de pouvoir exécuter parfaitement ce que mon appareil et ses armes exécuteront immédiatement et parfaitement ce que je leur commanderai : Alors, je serai le maître de mon petit royaume. Alors, je pourrai faire de belles choses. Je m’amuserai en les faisant car j’aurai la confiance et la supériorité morale qui rend inévitables toutes les attaques et les manœuvres.
Je serai froid et sans enthousiasme, je jouirai intensément d’instants inoubliables. Je mépriserai mon adversaire s’il se bat mal, et je l’estimerai s’il combat comme un brave. »
Participer à la bataille de Verdun entraîne de nombreux changements dans le quotidien de Jean. Le 29 mars, à la suite de sa victoire du 18 mars (cf post), Jean est cité pour la cinquième fois à l’ordre de l’armée etajoute une palme d’argent à sa croix de guerre. Il est en outre nommé sous-lieutenant. Par ailleurs, il « déménage » et quitte Bar-le-Duc pour aller stationner avec la C11, dans le même secteur plus près du front : à Ancemont.
L’autre conséquence du combat du 18 mars, est que Jean y a endommagéson avion. Depuis dix jours, il volait donc sur un Morane Nm, celui dont il rêvait en 1915. Il vient de recevoir un Nieuport. Ceux-ci arrivent en caisses au front et sont montéspar les mécaniciens et adaptés aux pilotes. Mécaniciens et pilotes sont souvent proches, à l’instar de Chaput et Marot.
Verdun fait également évoluer les techniques de combat comme en témoigne Jean qui doit s’entraîner au tir et qui affronte désormais des groupes nombreux d’appareils ennemis.
Que penser du ton et des ambitions de Jean ?Pourquoi parler de « belles choses » et de « s’amuser » quand il d’agit de faire la guerre ? « Je serai froid et sans enthousiasme » écrit-il, de quoi se garder de penser que Jean envisagerait vraiment de s’amuser. Il faut peut-être se figurer un jeune homme de 23 ans ayant soif d’aventure et de liberté, n’ayant d’autre choix que de se battre, habitué à hypothéquer quotidiennement sa survie, déjouant la peur par ces paroles déterminées.
http://3p1w.eu/29-03-1916/#more-2194« 24 avril 1916
Je me suis couvert de ridicule aujourd’hui. J’ai fait 4h ½ de vol, et comme résultat j’ai abîmé mon appareil. Je m’étais offert le luxe d’attaquer dans leur lignes deux avions allemands qui croisaient ensemble ; tandis que deux autres étaient aux environs. Ma mitrailleuse a raté et reraté : j’ai dû abandonner et j’ai reçu 3 balles. 1 dans la queue de l’appareil, 1 dans le plan gauche, et une dans le droit; celle-ci a fendu un mat et le longeron avant du plan supérieur.
Si ma mitrailleuse n’avait pas raté, j’aurais certainement abattu l’un des deux. Je n’ai rien à regretter d’ailleurs et cela fait un enseignement de plus. »
Jean raconte peu de défaites. Le 24 avril 1916, un combat tourne si mal que non seulement Chaput prend la fuite, mais en plus son avion subit de nombreuses avaries. Des éléments importants de l’appareil sont endommagés: le longeron, dans la charpente de l’aile, et le mat qui relie entre eux les deux plans. On conçoit bien, grâce à ce récit, comment l’écriture participe à l’endurance des combattants en donnant, par le discours, un sens à l’expérience de guerre. Jean dépasse finalement – « je n’ai rien à regretter » la honte qu’il éprouvait en se mettant à écrire -« Je me suis couvert de ridicule aujourd’hui ».
Le dysfonctionnement des mitrailleuses était un problème récurrent que connaissaient tous les pilotes alliés, lié à la mauvaise adaptation de l’arme aux conditions du combat aérien. Celle-ci est en effet prévue pour un usage au sol ; son usage en vol est rendu très aléatoire notamment par les conditions atmosphériques (froid, humidité. A cela s’ajoutent les difficultés au moment de viser liées à la rapidité des déplacements et à la nécessité de continuer à piloter tout en tirant. C’est pourquoi les pilotes de chasse prennent l’habitude de se rapprocher le plus possible de la cible avant de tirer, afin d’optimiser les chances de neutraliser l’appareil ennemi, voire de toucher mortellement l’adversaire. Cette proximité participe à la violence que connaissent les aviateurs, et Jean ne cache pas sa surprise de distinguer « le visage rose et le casque marron» d’un Allemand qu’il affronte.
La fréquence des affrontements à Verdun épuise Chaput à cause entre autres des changements brutaux de pression liés aux variations d’altitude. Ainsi dans la semaine qui encadre ce récit, Jean combat une douzaine d’avion dont deux qu’il abat.
http://3p1w.eu/24-04-1916/#more-2210« 30 avril
L’aviation allemande se souviendra de cette journée ; elle a voulu montrer de l’activité, mais elle l’a payé cher. Un Aviatik tout neuf et chargé de bombes a été abattu par le canon. Un Albatros a dû atterrir du côté de Ste Menehould par suite de balles dans le moteur. Un autre avion est tombé du côté de Verdun ; enfin j’ai abattu un Fokker.
J’avais été réveillé vers 5h par tout un vacarme de bombes, de moteur, éclatement d’obus contre avion etc. Je me suis habillé en hâte et j’ai bondi dans mon appareil. Naturellement une fois à bonne hauteur il n’y avait plus un avion en vue. Je passe dans les lignes aux environs de 4000m. Et tout d’un coup j’aperçois un Fokker juste au-dessous de moi. Il se dirigeait vers le Nord. Pensant qu’il m’avait vu, puisque j’étais passé au-dessus de lui, j’ai fait différentes épreuves et suis arrivé à la conclusion qu’il m’ignorait. Je m’en suis rapproché sans me presser et à qq mètres j’ai tiré. Un coup d’abord. Il a paru s’émouvoir et a commencé à piquer. Je le vois dans ce mouvement et après deux essais infructueux je décide la mitrailleuse à tirer 3 coups de suite . Alors ce fut la débâcle le coup de grâce ; et le monoplan commença une descente affolante en tournoyant dans tous les sens et passant même sur le dos. Aussitôt cela constaté je m’occupais de moi-même et je vois un autre Fokker qui était assez loin de moi et qui semblait me gagner en piquant à ma poursuite. Je l’ai vu qui tirait de très loin : car je n’entendais même pas le son bien connu et je voyais les petits flocons des balles explosives. Je m’en suis débarrassé en prenant de la hauteur. Voyant cela, il a fait demi-tour de suite.
J’ai eu une fausse joie par la suite : nous partons voir un avion abattu, et je tombe sur un Aviatik, fort intéressant d’ailleurs. Ce n’est que par la suite que l’on nous a annoncé que le Fokker était tombé juste derrière la première ligne allemande.
J’ai eu le plaisir de pouvoir rapporter de l’Aviatik qq unes de ces fameuses balles explosives. Ça n’est pas sans une certaine satisfaction d’amour propre que j’ai vérifié en en démontant une que les hypothèses que j’avais faites au sujet de leur fonctionnement explosif et fusant. Toutes mes prévisions se sont réalisées point par point, et ce sont des engins terribles. Heureusement que les boches ne savent pas s’en servir. »
Fin avril 1916, alors que la bataille de Verdun fait rage depuis février, les Français sont en passe de reprendre la supériorité aérienne, perdue au début de la bataille. Dans les notes de Chaput on devine un soubresaut de l’aviation adverse, manifestement conclu par un échec puisqu’il mentionne la perte d’un appareil neuf.
L’aérodrome de Chaput est relativement proche de la ligne de front puisqu’il peut entendre les attaques ennemies mais quitte son casernement trop tard pour intercepter les assaillants. Il croise tout de même deux appareils, dont un abattu par ses soins. Les pilotes allemands semblent vouloir éviter la confrontation directe.
Chaput est déçu de ne pas pouvoir faire homologuer sa victoire (le vaincu s’étant écrasé derrière les lignes allemandes).
Chaput se révèle très intéressé par les questions d’armement puisqu’il formule et vérifie des théories qu’il a lui-même énoncées sur les munitions explosives ennemies en les manipulant personnellement. En ajoutant un commentaire moqueur sur leur emploi par les Allemands.
http://3p1w.eu/30-04-1916/« 22 mai 1916
Ma chère Jeanne
Je crois qu’il y a fort longtemps que je ne vous ai envoyé de nouvelles. J’ai été très occupé ces temps-ci. Il a fait des temps radieux et j’ai travaillé beaucoup pour préparer une expédition
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avec des systèmes nouveaux. Parmi des volontaires nous avons été choisis 8 pour aller abattre les ballons captifs boches. Nous étions armés de fusées spéciales. A l’heure donnée, les saucisses ont flambé avec un [illisible] parfait. Un de nos camarades est resté chez les boches. Et un autre a manqué son coup. Pour ma part j’ai logé au moins 4 fusées dans la saucisse à qq mètres de distance et elle a presque fait exploser [sic] tellement
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elle a brulé vite. Elle s’est immédiatement écrasée sur le sol. J’ai eu qq boches sur le dos pour rentrer mais j’ai pu m’en débarrasser. Quoique je sois descendu en dessous de 1000m je n’ai pas pris une balle ni un éclat d’obus dans mon appareil.
Notre pauvre camarade Boilat le fameux coureur en auto vient d’être tué. Et tous ces jours –ci il y a eu encore beaucoup d’autres tués et blessés. Nous trinquons
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durement car les boches ont depuis qq jours un nouvel appareil biplace plus rapide que notre monoplace 110Hp. Je m’en suis nettement aperçu ce matin. Si le boche avait eu plus d’audace il aurait pu m’ennuyer sérieusement car il me rattrapait d’inquiétante manière.
J’ai eu beaucoup de combats ces jours-ci tous victorieux en ce sens que toujours mon adversaire a abandonné le combat le premier et souvent pour atterrir et aussi parce que même en combat ouvert et petite distance j’ai su manœuvrer assez bien pour toucher l’adversaire sans que celui-ci puisse me loger seulement une balle dans les toiles. »
Les ballons captifs – c’est-à-dire non mobiles – servent aux missions d’observation ; depuis les nacelles, le champ de bataille est visible sur plusieurs kilomètres : ils ont une grande importance tactique. Or ils sont également vulnérables puisqu’ils sont immobiles et que leur taille massive les rend très facilement repérables. Ils sont donc très bien protégés par plusieurs cercles de défense concentriques, au sol et dans les airs. Attaquer un ballon captif est une tâche extrêmement périlleuse.
Le jour où Jean attaque le Drachen (nom du ballon captif allemand signifiant « cerf-volant »), cinq autres groupements du même type assaillent cinq autres « saucisses » comme les appellent les Français en raison de leur forme oblongue. Il s’agit d’une tentative pour aveugler les Allemands au lendemain de pertes très importantes de ballons captifs côté français à cause de conditions météorologiques désastreuses.
Les « nouveaux systèmes » en question sont les toutes récentes fusées Le Prieur montées directement sur les avions et dont la mise à feu est électrique. Ces fusées ont l’avantage d’être munies de lames qui percent l’enveloppe du ballon, ce qui permet d’enflammer ensuite directement l’hydrogène qu’elle renferme. Elles ont l’inconvénient de ne pas avoir d’empennage, ce qui rend leur trajectoire très imprévisible.
Sur la photo ci-contre, on peut voir Yves le Prieur, concepteur des fusées, avancé vers un groupe de huit pilotes parmi lesquels Jean Chaput ( troisième à droite) et Nungesser ( 3e à gauche). Derrière eux, les Nieuport XI armés.
http://3p1w.eu/22-05-1916/http://3p1w.eu/19-06-1916/Le 26 juillet 1916, Jean, revenu quelques jours avant de permission, est blessé en combat. Alors qu’il affronte un Aviatik, une balle de mitrailleuse lui fracture la cuisse et traverse son épaule. Jean se laisse d’autant plus surprendre qu’il était en position de supériorité en se trouvant au-dessus de l’ennemi. Mais le pilote de l’Aviatik parvient à l’atteindre depuis en-dessous. Le combat a lieu dans la région de Douaumont, un des forts stratégiques du front de Verdun mais, en dépit de son état, c’est à bonne distance de l’aérodrome du secteur que Jean choisit de se poser : à Ancemont à proximité d’un hôpital.
En 1916, la question que soulève une telle blessure est celle de l’amputation. L’ampleur des dégâts infligés aux membres, le manque de temps pour soigner les blessés, les conditions variables d’hygiène, rendent parfois difficiles le soin et la conservation du membre. Ainsi, si au début du conflit l’attitude abstentionniste dominait – abandon thérapeutique -, en 1916 en revanche, l’attitude interventionniste s’impose en raison notamment de l’amélioration des conditions de prise en charge permises par la guerre de position et de l’effet dévastateur sur le moral des troupes des abandons thérapeutiques. Les médecins du front ont par conséquent souvent recours à l’amputation.
Heureusement pour Jean, son père est un chirurgien émérite, membre de la Société de Chirurgie qui réfléchit activement aux questions médicales posées par la guerre. Il est le chef du service des blessés militaire à l’hôpital Lariboisière à Paris. Jean peut donc être hospitalisé dans la capitale dès le lendemain de la blessure et échappe ainsi à l’amputation. Le musée de l’Air et de l’Espace conserve le récépissé du service des ambulances de Paris qui a transporté Jean Chaput de la gare de l’Est à l’hôpital Lariboisière.
Toutefois, la gravité de la fracture impose une convalescence longue : Chaput ne retourne sur le front qu’en mars 1917.
http://3p1w.eu/26-07-1916/