Afin de faciliter la lecture des sources et en particulier des témoignages de combattants, le CRID 14-18 propose un lexique des termes employés en 1914-1918. En effet, les textes et les mots des contemporains de la Grande Guerre sont loin de nous être transparents. Certains mots sont apparus et ont disparu avec le conflit, d’autres ont changé de sens, beaucoup sont incompréhensibles ou n’évoquent rien de bien précis pour un lecteur d’aujourd’hui. Et, au début de leurs recherches, combien d’entre-nous n’ont-ils pas été désarçonnés
par un « VB », un « fusant » ou un « cabot » ?
Dans sa volonté d’encourager une histoire de la Grande Guerre fortement étayée par des sources, le CRID 14-
18 espère que ce lexique permettra à tous ceux qui s’intéressent à la période, enseignants et étudiants en
particulier, de se familiariser avec le langage employé par les acteurs du conflit. Toutefois, il n’a aucune
dimension normative : nous ne prétendons pas fixer strictement et définitivement le sens des mots, mais en
montrer au contraire les multiples usages, parfois contradictoires, en fonction des acteurs et du contexte.
C’est pourquoi les définitions sont, autant que possible, appuyées par des citations de sources
contemporaines.
Il faut noter que si les termes argotiques et techniques occupent ici une place importante, ce n’est pas un
dictionnaire complet de l’argot ou des armes que nous entreprenons. La question de l’argot appelle quelques
remarques complémentaires : l’argot militaire existe bien avant 1914-1918, et se trouve partiellement repris
et transformé durant le conflit. Toutefois, il existe un risque de surévaluer la place de l’argot en 1914-1918.
Cela peut fausser à travers le prisme de l’argot, inégalement diffusé, dont l’origine est multiple (Paris, la
caserne, les troupes coloniales...), la vision qu’on peut avoir des combattants. Si beaucoup partagent quelques
termes simples et fortement répandus, le maintien des langages régionaux, l’utilisation de termes ordinaires
et fonctionnels, la pluralité des niveaux de langue sont des données à ne pas oublier. Enfin, la logique de ce
lexique est bien loin de celle des dictionnaires d’argot « poilu » parus au lendemain du conflit : ils avaient
pour but de fixer à l’écrit une langue orale, le but est ici d’éclairer les usages de termes régulièrement présents dans les sources.
Enfin, l’histoire des mots est d’un intérêt particulier pour comprendre les transformations apportées par la
guerre, entre les héritages du passé et l’inventivité sémantique des acteurs du conflit. On rencontre en 1914-
1918 des mots nouveaux comme des termes anciens transformés ou détournés de leur sens. Mais on ne
propose pas ici une étude étymologique fouillée, ce lexique ayant pour but essentiel d’éclairer les pratiques
des contemporains. Les usages des mots, davantage que leur origine, sont au centre de ce travail.
Pour des dictionnaires complets dans différents domaines on pourra se reporter aux ouvrages cités en
bibliographie. Les Mots de 14-18 de Rémy Cazals apporte aussi une réflexion sur les concepts utilisés par les
historiens. Sauf mention contraire, le sens des mots est celui qui a cours dans l’armée française
https://www.crid1418.org/espace_pedagogique/lexique/LexiqueCRID1418.pdf