Les Préfous, les Préfous... à force d'interroger quelques autochtones, je finis par obtenir des renseignements : "Faut pas parler de c'te diablerie, étranger, ça va attirer le malheur ! Ils sortent que la nuit !". Mais bon, par une nuit sans lune, dans une ruelle mal éclairée où la lanterne de l'auberge du coupe-gorge clignote faiblement, j'arrive enfin à la porte de leur repaire.
- Salut étranger, tu bois du schnaps ou du whisky ?
- Euh, en fait je suis venu pour wings of...
- Patron, un litre de brutal pour l'étranger !
- Z'avez tout bu hier ! Y m'reste plus que de l'alcool à brûler ou du cidre.
Bref, après avoir enfilé un litre de cidre cul-sec, les moteurs se mettent à tourner.
C'est comme au basket, du 3 contre 3 !
Coup de chance, ils ont le bon goût de ne pas me faire monter de force dans un avion allié.
Du coup, je peux défendre la cause de la liberté en Europe à l'ombre des grandes croix noires (du Kaiser, du Kaiser... pas les croix noires auxquelles vous pensez).
Une fois en l'air, je regarde à ma gauche et je m'aperçois que l'Albatros qui est censé me couvrir part faire de la photographie pour le guide Michelin en bord de carte.
Quant au fameux et surcoté baron rouge, Manfred Schumacher, je comprends vite que c'est un acteur engagé par les services de propagande du Reich (le 2ème, le 2ème...) ! Il s'écrase en flammes au bout de 2 rafales pourtant mal ajustées par son adversaire qui zigzague dans le ciel (le cidre, c'est fort pour un Anglais... c'est au moins du 4° !).
Visiblement, le cours de la livre sterling a suffi à convaincre mes "coéquipiers" de ne pas trop s'engager aujourd'hui !
Je me retrouve donc seul face à trois Anglois sournois et perfides au vol aussi franc que des faux-bourdons qui ont demandé le brexit et qui n'osent pas l'appliquer.
Le premier reste prudemment à l'écart de la mêlée à bord de son X-Wings maladroitement camouflé en biplan et revient sournoisement mitrailler par l'arrière un innocent appareil allemand pratiquant la voltige libre non-violente. Par chance, j'arrive à lui redonner une carte "mitrailleuse enrayée" à chaque salve sans qu'il se méfie.
Le second, un Belge enrôlé de force, sert honteusement d'appât à bord d'un planeur armé d'un fusil à bouchon que lui ont gentillement fourni ses "amis" du Royal Flying Circus.
Et le troisième, surnommé l'éperonneur de Manchester, est apparemment persuadé que l'aviation de chasse et les auto-tamponneuses, c'est la même chose.
Bref, malgré une héroïque résistance, mon Fokker Dr I finit par se disloquer, donnant la victoire aux 3 Beatles survivants ! Heureusement, grâce aux nombreuses rediffusions de l'As des As, je réussis à sauter en parachute comme Jo Cavalier (alias Bébel) pour participer à la seconde manche.
Seconde partie qui voit une nouvelle fois les buveurs de thé à la menthe l'emporter sans gloire.
En effet, les règles de vol ne sont pas trop au point dans la Luftwaffe et un nombre élevé de collisions en vol finit par légèrement nous pénaliser.
Du coup, on n'a pas eu le temps de voir si les Anglais ont décollé.
C'est dommage, sans ça, on les avait au bout de nos LMG !
En définitive, on peut tirer plein de conclusions de ce premier "combat de chiens" aérien avec les Préfous :
- vivement des appareils équipés d'une harmonieuse sirène qui se déclenche en piqué
- les Préfous volent encore
- le Fokker Dr I, c'est comme le Me-109, c'est de la gnognotte de chasseur monoplace en balsa
- l'expression "fucking flying bastards" prend maintenant tout son sens
- le baron rouge, c'est le nom d'un mélange de différents vins de la communauté européenne
- les Préfous sont sympas
- j'ai commandé 1 500 Bf-110 au Reichmarschall pour le "jour de l'Aigle"
- l'avenir est en effet au bimoteur avec des grosse kanonen, pas au chasseur maniable qui crachotte des noyaux de cerise
- les Anglais ne tiennent pas le cidre
- les Préfous sont des inconscients : ils tirent sur l'Aigle, sans sommation !
- l'heure de la revanche sonnera bientôt
In name der Reichmarsch... (euh, nein, nein... la convention de Genève... sehr schön...)
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"Quand on tire, on raconte pas sa vie."
Tuco
in The Good, the Bad and the Ugly